Tendre comme les pierres de Philippe GEORGET
Publié le 23 Septembre 2014
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C'est la 4ème fois que je suis enthousiaste à la fin d'un roman de Georget.
Et c'est son 4ème roman.
Que dire de plus...?
L'histoire:
Lionel est journaliste. Le genre de journaliste que j'aime bien: bougon, désabusé et tellement grillé dans le milieu qu'il ne bosse plus que rarement. Et sur des plans un peu foireux.
Cette fois, il est embauché pour réaliser un doc institutionnel destiné à ramener des fonds. Pour ce faire, il se rend en Jordanie, sur le site de Petra et s'apprête à interviewer le professeur Moreau, archéologue. Quelques interviews, des plans du chantier de fouilles et des beaux paysages à intercaler...l'affaire sera vite réglée pense-t-il. Mais quand il arrive sur place, Moreau vient d'être arrêté par la police. Le vieil homme est accusé de pédophilie. Son homosexualité remonte à la surface. L'amalgame est facile. Trop?
Le tournage du documentaire est quelque peu compromis mais Lionel va tout de même saisir l'opportunité de rédiger quelques papiers sur cette affaire. Il devrait pouvoir en tirer de quoi se payer l'hôtel quelques jours de plus et compenser le retard du tournage. L'ennui, c'est qu'il va devoir continuer avec Mélanie, l'assistante du professeur, qui lui tape sérieusement sur les nerfs. N'empêche qu'elle est convaincante...et que Lionel commence à son tour à douter et se demander si Moreau n'a pas été éjecté du circuit parce qu'il devenait gênant...
Et puis c'est parti! En route au milieu du flot de touristes à bob bleu pour visiter le site de Petra, ses alentours, le désert, les montagnes...La marche, le soleil brûlant, le thé sucré, les repas partagés avec les mains, les galettes de pain, les bédouins, les chameaux,...Comme si on y était.
Georget a ce talent d'embarquer le lecteur en toute simplicité. L'enquête tient bien la route (avec différentes pistes, un peu brouillée et des doutes qui s'immiscent petit à petit sur les différents personnages) sans pour autant en faire des tonnes. Pas de courses poursuites, pas de violence, pas de scénario super alambiqué. On y va tranquille, sans tourner les pages frénétiquement et on suit la trame tissée par l'auteur, alors que l'intérêt du roman est presque ailleurs. Dans la découverte d'un pays, la Jordanie, ses habitants, son histoire actuelle et passée, son avenir, la réflexion sur le tourisme de masse, sur le métier de journaliste aussi. Les descriptions de paysages sont sublimes. On sort de là en se demandant pourquoi on n' a pas encore acheté son billet d'avion...Mais aussi en se demandant ce qu'il se passera si tout le monde y va...
L'autre talent de Georget est de créer des personnes hyper attachants auxquels on s'identifie. Ça peut être un jeune boxer (cf. le paradoxe du cerf-volant) ou ici, un journaliste de la cinquantaine, solitaire, hargneux et revenu de tout. Y compris de la guerre en Irak. En fait non, Lionel est plutôt un séducteur au cœur tendre qui aime son boulot. Heu...En fait...comment dire...bah c'est tout ça à la fois. Les personnages de Georget sont terriblement humains parce que complexes, plein de failles,et c'est ce qui fait qu'on y croit à fond.
Et c'est pour ça qu'à la sortie de son prochain roman, je foncerai de nouveau tête baissée.
Du même auteur ( publié chez Jigal):