La promesse de l'aube de Romain Gary
Publié le 26 Février 2015
La promesse de l'aube (quel beau titre!) est une auto-biographie. Romain Gary nous conte, avec un humour irrésistible et beaucoup d'auto-dérision, ses débuts dans la vie. Il n'a pas connu son père, mais sa mère occupait largement les deux places. Déterminée à faire de son fils chéri quelqu'un de grand, d'important, elle l'inscrit dès son plus jeune âge à tous les cours particuliers qu'elle peut trouver. Aucune pratique sportive, ou artistique ne lui sera épargné.
« Ma mère se livrait à une prospection systématique pour tenter de découvrir en moi la pépite secrète de quelque talent caché. »
De nombreux essais plus tard...
«Forcée ainsi à admettre que je ne manifestais aucune disposition spéciale, ni talent caché, ma mère finit par conclure, comme tant d'autres mères avant elle, qu'il ne me restait plus qu'une solution: la diplomatie».
Et effectivement...il deviendra diplomate.
Maman poule pousse son petit Romain, certes, mais toujours avec bienveillance et beaucoup d'amour.
Fiston se prête bien volontiers au jeu tant il sait à quel point sa mère se sacrifie tous les jours pour lui. En effet, fraîchement immigrée de Russie, après un passage en Pologne, ils débarquent tous les deux à Nice, une valise sous le bras contenant toute leur fortune. Le moins que l'on puisse dire, c'est que maman Gary a de la suite dans les idées, le sens du commerce et surtout une ténacité à toute épreuve. Cette force en elle, qui fait qu'elle ne baisse jamais les bras même dans les pires moments, elle la transmet à son fils, qui a son tour vivra des histoires incroyables. Des études à Paris sans un sous, une école d’officier, le pilotage, la guerre, la maladie...Il échappera à la mort à plusieurs reprises. Il peut être fier de tout ce qu'il a accompli, parti de rien...Et pourtant, son récit est toujours plein d'humilité, de remise en question de soi.
A propos de la guerre (il a reçu la légion d'honneur) :
« Je me suis débattu. Je ne me suis pas vraiment battu. »
ou encore :
« me dressant sur la pointe des pieds pour révéler à tous ma stature, je ne donnais la mesure que de mes prétentions. »
Quant à l'écriture, il s'y met très tôt, à l'adolescence. Il s'acharne à écrire « un chef-d’œuvre », à devenir un « titan de la littérature française » pour parvenir à la hauteur des espérances de sa mère.
Mission accomplie.
(Romain Gary a écrit une trentaine de romans et essais, reçu le prix Goncourt en 1956 pour les racines du ciel → il était fort pour trouver des super titres non ?, et de nouveau le Goncourt en 1975 pour la vie devant soi écrit sous le pseudo Emile Ajar - il est le seul auteur à avoir reçu 2 fois le Goncourt.)
En général, quand je coche la moitié des pages d'un livre c'est que j'ai été largement séduite par son style.
Quand je mets des citations à plusieurs reprise dans l'article, c'est que je préfère laisser le soin aux autres lecteurs de juger par eux-mêmes.
Mais pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus, j'ai 2 -3 derniers arguments en poche... :
- La promesse de l'aube est un classique qu'il faut lire au moins pour la culture générale.
- C'est un livre très drôle, bien écrit et facile à lire.
- Un récit d'aventure plein d'action (avec des scènes de guerre, des avions, des embrouilles entre officiers bourrés dans les bars...et aussi des prostituées !)
(Oui bah...pour rameuter les lecteurs, tous les coups sont permis)
-C'est avant tout un vibrant hommage à sa mère, tendre et émouvant mais jamais larmoyant.
- Mais aussi un hommage à la France (Romain Gary est un grand francophile), terre d’accueil, porteuse de valeurs culturelles et de beaucoup d'espoirs pour les émigrés du monde entier.