Le dernier tigre rouge de Jérémie GUEZ
Publié le 27 Avril 2014
Même si j'aime beaucoup Jérémie Guez, je l'attendais un peu au tournant pour son prochain roman. Après son triptyque Paris la nuit, Balancé dans les cordes et Du vide plein les yeux , je me demandais s'il allait parvenir à se renouveler.
Autant le dire tout de suite, la réponse est oui. Le dernier tigre rouge ne ressemble pas à ses autres romans.
Cette fois, c'est au milieu d'un bataillon de légionnaires, en pleine guerre d'Indochine que nous embarque Guez. Et c'est plutôt réussi.
A la fin de la guerre (la 2ème guerre mondiale), Charles Bareuil s'engage dans la légion étrangère. Pas question pour lui de reprendre le cours de sa vie là où il l'avait laissée. Sa femme est morte et plus rien ne peut être comme avant. C'est tout juste si l'envie de vivre est encore là.
Dans la légion, il trouve une nouvelle famille, des camarades venus de tous horizons, pour qui il est prêt à risquer sa vie.
Avant même d'arriver à Saigon, il est repéré parmi les autres soldats pour ses talents de tireur, ce qui lui vaudra de faire partie de la patrouille d'éclaireurs, celle qui dégage le terrain pour que les hommes puissent avancer en toute sécurité. Sans eux, les tireurs embusqués décimeraient les rangs de l'armée française.
Lors d'une patrouille, Bareuil et ses camarades sont attaqués par un tireur d'élite. Seul Bareuil s'en sort vivant. Le tireur, un blanc, lui a laissé la vie sauve.
Bareuil n'aura de cesse de se demander pourquoi.
Bien que publié dans la collection grands détectives des éditions 10-18, le dernier tigre rouge n'est pas un polar. Un roman noir à la limite. Mais peu importe l'étiquette qu'on lui colle, c'est un roman qui parle de la guerre, vue de l'intérieur. On suit les soldats dans leur quotidien: les déplacements, les combats, les permissions. Mais aussi les mouvements de troupe, les stratégies militaires, les grandes batailles qui ont fait la guerre d'Indochine.
Guez nous épargne les scènes sanglantes ou les tortures qu'on aurait pu trouver dans un tel roman mais excelle toujours dans l'art d'écrire des scènes d'action. Si bien même, qu'on ne s'ennuie pas une seconde.
Il faut dire qu'il nous raconte, de façon fort bien documentée, un conflit de 8 ans assez complexe (bienvenue aux nullos en Histoire - comme moi!- qui s'instruiront un peu) en moins de 250 pages. Pas de digressions interminables ni de longueurs genre manuel d'histoire, on est dans la fiction et l'action tout du long. J'ai apprécié d'apprendre par ce roman les grandes lignes du conflit et le contexte géopolitique de l'époque mais que ce ne soit pas trop développé, ce qui aurait sûrement cassé le rythme de l'intrigue.
J'ai aimé ce point de vue.
Encore une mission réussie pour Mr Guez, j'ai hâte de voir où il va nous embarquer la prochaine fois...